Mercredi de la Biodiversité : libellules et demoiselles en danger

Mercredi de la Biodiversité : libellules et demoiselles en danger

Dans le cadre de l’élaboration de son Atlas de la Biodiversité Territoriale, le SYTEC propose tous les mois des animations aux habitants du territoire. Notre dernier rendez-vous s’est tenu, mercredi 19 décembre, à Murat sous forme d’une conférence sur les odonates, menée par Nicolas Lolive, du Groupe Odonat’Auvergne.

Libellule ou Demoiselle ?

Président passionné de l’association GOA, Nicolas Lolive a partagé ses connaissances sur ce groupe d’insectes, les odonates, avec un public avide d’apprendre à différencier la libellule de la demoiselle, ou plutôt les Anisoptères des Zygoptères.

Les Zygoptères ou « demoiselles », sont petits et fins, avec les ailes postérieures et antérieures identiques et repliées en toit au repos.

Les Anisoptères, « libellules », sont massifs et puissants. Les ailes antérieures et postérieures, n’ont pas la même forme. Elles sont étalées de chaque côté de l’abdomen, au repos.
Les Zygoptères ont souvent les yeux plus écartés que les Anisoptères.

La libellule géante de Commentry

C’est dans une mine de charbon de l’Allier, à Commentry, qu’un spécimen de libellule géante fossile a été découvert au XIXe siècle. Appelé Meganeura monyi, il fait partie des insectes gigantesques qui peuplaient la Terre durant le Carbonifère, il y a 300 Millions d’années. Il y a 150 ans, des hommes ont découvert, dans un bloc de schiste, l’empreinte bien conservée d’un Meganeura dont l’envergure est de 75 centimètres. Ce spécimen est l’ancêtredes libellules et demoiselles.

De redoutables chasseuses nées

Au cours de leur vie, les libellules passent d’un stade larvaire aquatique à un stade en milieu aérien. Comme pour les papillons, les adultes sont appelés imagos. La vie aquatique peut durer entre quelques mois et plusieurs années en fonction des espèces, du type de milieu humide dans lequel évolue la larve, et des températures.

Les larves sont carnivores et possèdent un masque (sur l’exuvie de la photo ci-contre) qu’elles déploient pour attraper leurs proies, une sorte de gueule projetable qui s’apparente à un bras plié que l’insecte déplie rapidement pour capturer des proies.

Les larves sont voraces, elles se nourrissent de proies variées : vers, Crustacés, larves d’insectes aquatiques, dont des congénères plus petits, têtards et même de petits alevins. Elles chassent à l’affût : elles repèrent une proie, se tiennent immobiles, puis projettent leur masque très rapidement vers l’avant.

Les larves des Zygoptères sont petites et fines, pourvues, à l’extrémité de l’abdomen, de trois lamelles caudales alors que les larves des Anisoptères sont plus grosses et trapues. Les organes de l’imago apparaissent petit à petit chez la larve qui ne passe pas par un stade de nymphe pour prendre son envol. Ce type de développement est dit « hémimétabole ». Lorsque l’eau se réchauffe et que sa croissance est arrivée à son terme, la larve sort de l’eau pour s’accrocher à une feuille, ou se poser sur une pierre, parfois assez loin de l’eau, c’est le début de l’émergence. Durant leur émergence qui peut parfois durer pendant une heure, ces insectes sont extrêmement vulnérables.

L’anatomie des adultes présente des différences avec celle des autres insectes qui en font de parfaites machines de chasse.

La tête porte deux yeux énormes qui se composent chacun de milliers d’ocelles, ce qui leur confèrent une excellente vision. La tête pivote autour du prothorax, sur lequel s’insère la première paire de pattes. Cet équipement visuel, associé à la mobilité du cou, donne aux libellules une vision multidirectionnelle sur 360°. Autre particularité spécifique aux odonates : les ailes sont indépendantes ce qui leur permet des manœuvres sophistiquées, et des prouesses dépassant celles des plus grands aviateurs. Elles possèdent notamment des muscles puissants attachés à la base des ailes. Les odonates sont ainsi capables de réaliser des acrobaties aériennes à grande vitesse : piqué, vol stationnaire, ascension et descente, demi-tour et, le vol à reculons.

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Les odonates en danger

Plus de 80 % des espèces de libellules de France sont représentés en Auvergne.

Cette diversité traduit la présence de milieux humides et aquatiques particulièrement diversifiés. Certaines espèces, dont le statut national est fragile, trouvent en Auvergne des conditions permettant la présence de populations importantes dont l’état semble satisfaisant. Mais cette richesse ne doit pas cacher les menaces pesant sur les milieux humides et aquatiques et sur les espèces de Libellules et de Demoiselles.

Les pressions identifiées envers les Odonates sont diverses mais toutes liées aux atteintes portées au bon fonctionnement des zones humides. Altération, pollution, urbanisation, artificialisation… entrainent un déséquilibre qui perturbe puis altère le fonctionnement des différents habitats.

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Espèce en danger : Leucorrhine à gros thorax (Gaël Delpon)
Espèce en danger : l'Agrion à lunules (Marine Kreder)
Espèce en danger : Sympétrum déprimé (Philippe Flamant)

Ce constat confère une grande responsabilité au territoire quant à la protection des Odonates. La Liste rouge régionale, réalisée par le Groupe Odonat’Auvergne en 2017, selon la méthode de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) permet d’évaluer le risque d’extinction des espèces sur le territoire auvergnat.

Parmi les 73 espèces évaluées, 11 sont menacées d’extinction, parmi elles : la Leucorrhine à gros thorax, l’Agrion à lunules, le Sympétrum déprimé…

En savoir plus sur le site internet

http://groupeodonatauvergne.fr/

Retrouver les informations sur les prochaines animations et découvrez l’Atlas de la Biodiversité Territoriale et ses 4 enquêtes participatives sur le site internet

www.atlas-biodiversite-sytec15.com

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